Le mal de dos est bien le mal du siècle, et l’
on considère que 80% des Français en souffrent ou en souffriront un jour : d’où l’intérêt de faire appel si nécessaire à un spécialiste du dos, le chiropracteur. Celui-ci exerce une technique manuelle appelée la chiropraxie (du grec kheir, qui signifie « main » et praxis qui signifie « action »),
laquelle se concentre sur la colonne vertébrale et les articulations, à titre préventif ou curatif. Le chiropracteur va chercher à débloquer les tensions à ce niveau et à y rétablir l'harmonie mécanique et physiologique.
Autour de la colonne vertébrale
Concrètement, cette méthode traite les altérations de la colonne vertébrale, appelées « subluxation vertébrale » (à ne pas confondre avec le terme médical qui désigne la dislocation d’une articulation). Et parce qu
’il existe des liens étroits entre rachis – l’articulation des vertèbres - et le système nerveux volontaire (ce système également appelé système neuro-végétatif régule toutes les grandes fonctions de l'organisme), ces subluxations peuvent aller jusqu'à provoquer des troubles fonctionnels divers.
Le champ d'action de cette technique est donc large : torticolis, lumbagos, céphalées, vertiges, certaines névralgies faciales ou cervico-brachiales, mais aussi dysfonctionnements des appareils respiratoire, nerveux, génital, urinaire, digestif ou cardio-vasculaire. La subluxation chiropratique correspond concrètement à un ou plusieurs phénomènes cliniques :
- Désordre articulaire avec mouvement inadéquat de deux vertèbres successives ;
- Ankylose réversible de plusieurs vertèbres, appelée aussi « fixation » ;
- Hernie discale au stade encore non opérable.
Le déroulement d’une séance
Le praticien pratique d'abord
une anamnèse et un examen physique (palpation, tests musculaires, examens neurologique et orthopédique) du patient. Il pourra aussi se baser sur des examens radiologiques et biologiques, afin de déterminer son protocole d'ajustements chiropratiques. Ces soins consistent en des pressions manuelles à des endroits stratégiques, en général sur une section spécifique de la colonne vertébrale ou d'une articulation.
Les chiropraticiens peuvent parfois réaliser leurs ajustements à l'aide de différents instruments ou de table de manipulations spécialisées. Il n'est pas inhabituel que le praticien donne en fin de séance à son patient des
exercices de rééducation posturale à pratiquer chez lui.
Cette approche s'adresse à tous, aussi bien aux enfants qu'aux seniors, aux sportifs qu'aux femmes enceintes.
Les origines
Les manipulations de la colonne vertébrale étaient déjà pratiquées dans toute la Grèce antique. Mais il faudra attendre plus de deux mille ans pour que cette discipline revienne sur le devant de la scène : La chiropraxie voit le jour à l'orée 1895 à Davenport dans l'Iowa (aux Etats-Unis). C'est là que Daniel David Palmer et son frère se sont installés après avoir immigré de leur Canada natal. Passionné par la science, Palmer se tourne tout d'abord vers l'arboriculture et l'apiculture avant d'ouvrir un cabinet de magnétiseur. Fasciné par le fonctionnement du corps humain, il cherche depuis toujours à comprendre l'origine des maladies. Le 18 septembre 1895, il reçoit dans son cabinet Harvey Lillard qui n'est autre que le concierge de l'immeuble où il travaille. Ce dernier a dû travailler dans une position inadéquate, ce qui avait fini par endommager son dos. Mais Lillard avait également perdu l'usage de ses oreilles. Palmer exploite en vain ses techniques de magnétiseur. C’est en auscultant la colonne vertébrale de son patient, qu’il découvre qu'une vertèbre est complètement décalée. Après quelques manipulations, Palmer rétablit la posture de Lillard et celui ci recouvre l'ouïe.
Pour Palmer, c'est le déclic ! Il décide d'apprendre l'anatomie et la physiologie. Deux ans plus tard, en 1897, il ouvre la première école de Chiropratique : la
Palmer School of Chiropratic. Soucieux du devenir de sa méthode, et après plusieurs semaines de détention pour exercice illégale de la médecine, Palmer décide de former son fils Bartlett Joshua Palmer. Doté d'une vision scientifique davantage en phase avec son époque, ce dernier sera le véritable instigateur du développement de cette technique. Il finit par prendre la tête de l'école et de la clinique crées par son père et y installe un département de recherche en collaboration avec plusieurs ingénieurs. Il n'aura de cesse de faire évoluer la chiropraxie jusqu'à sa mort en 1961.
La chiropractie aujourd’hui
Cette technique est
dorénavant légalisée dans quarante quatre pays dont les Etats – Unis, où elle est la troisième profession de santé après les médecines générale et dentaire. La formation est quasi équivalente dans l'ensemble de ces territoires et est sanctionnée par un diplôme mondialement reconnu. Cette profession a fait l'objet de plusieurs critiques et controverses, certains lui reprochant de n'être pas suffisamment validée scientifiquement.
En France, la chiropractie est légale depuis la Loi Kouchner du 4 mars 2002. Mais, il faudra attendre le 7 janvier 2011 pour que les textes relatifs aux actes professionnels soient publiés et le 21 septembre de cette même année pour ceux règlementant la formation. Malgré cela, les soins chiropratiques demeurent non conventionnés par l'Assurance Maladie et donc à ce titre ils ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale. Les études s'étendent sur six années et se clôturent par la soutenance d'un mémoire de fin d'études et d'un assistanat auprès d'un praticien établi. Il est ensuite possible de poursuivre une spécialisation sur deux ou trois ans.
La chiropractie est à ne pas confondre avec l'ostéopathie, la kinésithérapie ou encore le reboutage.